[TEST] Creepy Tale : Some Other Place

Avec Creepy Tale: Some Other Place, le studio indépendant Creepy Brothers poursuit son exploration d’un univers sombre et onirique, entamée avec les précédents volets de la série. Ce nouvel épisode, édité par Sometimes You, est disponible depuis le 26 septembre 2024 sur Xbox Series X|S, avec une optimisation technique qui permet de profiter du jeu en 4K à 60 images par seconde. Le titre se présente comme une aventure narrative en 2D, mêlant exploration, énigmes et ambiance cauchemardesque, le tout porté par une direction artistique singulière et une bande-son immersive.

Dans un marché saturé de productions AAA et de jeux narratifs souvent formatés, Some Other Place se distingue par sa volonté de proposer une expérience courte mais intense, où chaque élément visuel et sonore participe à une atmosphère oppressante et intrigante. Le jeu ne cherche pas à séduire par des mécaniques complexes ou une rejouabilité poussée, mais plutôt à marquer le joueur par une proposition artistique cohérente et assumée.

Une fable inquiétante aux multiples visages

Le scénario de Creepy Tale: Some Other Place s’inscrit dans la tradition des contes sombres, où l’innocence apparente cache des dangers insidieux. Le joueur incarne un personnage plongé dans un monde étrange, peuplé de créatures inquiétantes et de décors déformés. L’histoire ne repose pas sur des dialogues explicites ou des cinématiques spectaculaires, mais sur une narration environnementale subtile, où chaque élément du décor raconte quelque chose.

Ce choix narratif renforce l’immersion : le joueur est invité à interpréter les événements, à reconstituer les intentions des personnages et à deviner les règles de cet univers. L’absence de texte ou de voix off laisse place à une forme de narration silencieuse, où les sons, les animations et les interactions deviennent les vecteurs du récit. Cette approche, bien que minimaliste, fonctionne grâce à une cohérence globale et une maîtrise du rythme.

L’univers du jeu, à mi-chemin entre le cauchemar et le conte illustré, évoque des influences variées : on pense à Limbo pour la noirceur, à Fran Bow pour la bizarrerie, ou encore à Little Misfortune pour le contraste entre innocence et horreur. Pourtant, Some Other Place parvient à se forger une identité propre, notamment grâce à son esthétique visuelle et à sa bande-son originale.

L’élégance du dessin animé cauchemardesque

Visuellement, le jeu adopte une direction artistique en 2D dessinée à la main, avec des animations en stop-motion qui confèrent une texture particulière à l’ensemble. Chaque décor semble sorti d’un livre illustré macabre, avec des teintes sombres, des ombres mouvantes et des détails inquiétants. Les personnages, souvent grotesques ou difformes, renforcent le sentiment de malaise sans tomber dans le gore ou l’excès.

Cette esthétique est soutenue par une bande-son remarquable, composée par Alexander Ahura. Les musiques, tantôt mélancoliques, tantôt oppressantes, accompagnent parfaitement les différentes séquences du jeu. Les bruitages, discrets mais efficaces, participent à l’ambiance générale, tout comme les rares doublages, utilisés avec parcimonie pour souligner certains moments clés.

Techniquement, le jeu tourne de manière fluide sur Xbox Series X|S. L’optimisation permet d’éviter les ralentissements, les bugs ou les problèmes de chargement. Les transitions entre les scènes sont rapides, les animations sont fluides, et l’ensemble bénéficie d’un polish appréciable pour une production indépendante. Le travail sur la lumière, les ombres et les effets visuels contribue à renforcer l’atmosphère sans jamais nuire à la lisibilité.

Une recette connue, mais bien exécutée

Sur le plan de l’innovation, Creepy Tale: Some Other Place ne cherche pas à réinventer le genre du puzzle narratif. Les mécaniques de jeu sont classiques : exploration, collecte d’objets, résolution d’énigmes, interactions contextuelles. Cependant, leur mise en œuvre est soignée, et leur intégration dans l’univers narratif est réussie.

Le jeu ne propose pas de système de choix ou de ramifications scénaristiques. Il s’agit d’une expérience linéaire, où chaque action mène à une progression définie. Ce choix peut sembler restrictif, mais il permet de maintenir une tension constante et d’éviter les digressions inutiles. L’absence de HUD ou d’indicateurs visuels renforce l’immersion, tout en obligeant le joueur à observer attentivement son environnement.

L’originalité du titre réside davantage dans son ambiance et sa direction artistique que dans ses mécaniques. Le jeu assume pleinement son identité de conte interactif, où l’expérience émotionnelle prime sur la complexité ludique. Cette approche peut décevoir les amateurs de gameplay profond, mais elle séduira ceux qui recherchent une aventure sensorielle et narrative.

Des énigmes accessibles et bien rythmées

Le gameplay de Some Other Place repose sur une alternance entre exploration libre et résolution d’énigmes. Les commandes sont simples : déplacement, interaction, utilisation d’objets. Cette simplicité permet une prise en main rapide, sans tutoriel ni phase d’apprentissage laborieuse. Le jeu mise sur l’intuition du joueur et sur la logique des situations.

Les énigmes sont variées, allant de la manipulation d’objets à des séquences d’observation ou de timing. Elles ne présentent pas de difficulté excessive, mais demandent une certaine attention et une capacité à comprendre les règles implicites de l’univers. Certaines énigmes sont particulièrement bien pensées, avec des solutions qui font appel à la créativité ou à l’interprétation visuelle.

La progression est fluide : le jeu évite les pics de difficulté frustrants ou les phases de blocage prolongées. Chaque séquence est conçue pour maintenir l’intérêt sans ralentir le rythme. Le level design, bien que linéaire, propose des environnements variés et des situations renouvelées. Le joueur est constamment stimulé, sans jamais être submergé.

Une aventure courte mais marquante

La durée de vie de Creepy Tale: Some Other Place est volontairement réduite : comptez entre 1h30 et 2h pour terminer l’aventure. Ce choix s’inscrit dans une volonté de proposer une expérience condensée, sans remplissage ni redondance. Chaque scène a une fonction narrative ou ludique, et le jeu évite les séquences inutiles.

La rejouabilité est limitée : une fois l’histoire terminée, peu d’éléments incitent à recommencer. Il est possible de rejouer certains chapitres pour débloquer les succès ou explorer des détails visuels, mais l’absence de choix ou de fins alternatives réduit l’intérêt d’une seconde partie. Le jeu s’adresse donc davantage à ceux qui recherchent une expérience unique qu’à ceux qui aiment optimiser ou explorer en profondeur.

Cela dit, les amateurs de complétion pourront viser les 1000G sans difficulté excessive. Les succès sont bien répartis, accessibles, et encouragent une exploration attentive. Le jeu propose également une galerie d’illustrations et quelques bonus visuels, qui prolongent légèrement l’expérience pour les curieux.