[TEST] Mafia : The Old Country, bienvenue en Sicile, là où l’honneur se paie en sang

Développé par Hangar 13 et édité par 2K Games, Mafia: The Old Country est sorti le 8 août 2025 sur Xbox Series X|S, PlayStation 5 et PC.
Ce quatrième opus de la série Mafia se présente comme une préquelle aux événements du premier jeu, nous plongeant dans les origines de la pègre sicilienne au cœur du village fictif de San Celeste, au début des années 1900.
Dans la peau d’Enzo Favara, jeune mineur devenu soldato au sein de la famille Torrisi, le joueur découvre un monde où l’honneur, la loyauté et la violence s’entrelacent dans une fresque criminelle aussi tragique que captivante.

La saga Mafia – Une histoire de familles

  • La série Mafia débute en 2002 avec Mafia: The City of Lost Heaven, développé par Illusion Softworks. Ce premier opus nous plongeait dans l’Amérique des années 1930, à travers le regard de Tommy Angelo, un chauffeur de taxi embarqué malgré lui dans les affaires du redoutable Don Salieri. Le jeu posait les bases d’une narration cinématographique ambitieuse, centrée sur l’ascension et la chute d’un homme dans l’univers impitoyable du crime organisé. En 2020, une version entièrement remasterisée, intitulée Mafia: Definitive Edition, est venue raviver ce classique avec des graphismes modernisés, un gameplay affiné et une relecture respectueuse du scénario original, permettant à une nouvelle génération de joueurs de découvrir cette œuvre fondatrice.
  • En 2010, Mafia II nous faisait incarner Vito Scaletta, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, dans une ville fictive inspirée de New York, Empire Bay. Ce second volet approfondissait les mécaniques de monde ouvert, tout en explorant les dilemmes moraux et les sacrifices personnels liés à la vie mafieuse. L’ambiance des années 1940-50, la bande-son jazzy et les décors soignés contribuaient à une immersion remarquable. Là encore, une édition remasterisée a vu le jour en 2020 dans le cadre de la Mafia: Trilogy, offrant des textures améliorées et une compatibilité avec les plateformes modernes, bien que cette version ait reçu un accueil plus mitigé que celle du premier opus.
  • Mafia III (2016) changeait de ton avec Lincoln Clay, vétéran du Vietnam, dans une ambiance plus moderne et explosive, mais souffrait d’une répétitivité dans son gameplay.
  • Enfin, Mafia: The Old Country revient aux racines siciliennes de la saga. Ce préquel explore les origines de l’empire criminel, en mettant en scène les luttes de pouvoir entre familles rivales, les trahisons et les sacrifices nécessaires pour gravir les échelons de la hiérarchie mafieuse.

L’Omertà des émotions

Mafia: The Old Country propose une narration classique mais redoutablement efficace, digne des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma mafieux. Le jeu s’ouvre sur le destin tragique d’Enzo Favara, un jeune mineur sicilien dont la vie bascule après un accident dans les galeries. Désabusé, sans repères, il trouve refuge et sens au sein du clan Torrisi, une famille criminelle influente qui règne sur San Celeste avec une poigne de fer et un code d’honneur ancestral. Ce récit initiatique est jalonné de drames familiaux, de trahisons déchirantes, de romances interdites, et de vendettas sanglantes, dans une fresque où chaque choix semble peser sur le destin d’Enzo et de ceux qui l’entourent.

Bien que l’intrigue suive une structure relativement prévisible, elle est sublimée par une écriture soignée, des dialogues ciselés, et une galerie de personnages marquants. Isabella Torrisi, fille du Don, incarne à la fois la fragilité et la détermination, tandis que Don Bernardo, patriarche impitoyable, impose le respect par sa seule présence. Les scènes clés sont mises en valeur par une mise en scène cinématographique, avec des cut-scenes immersives, des plans travaillés, et une direction d’acteurs convaincante.

Le jeu brille également par son immersion avec un doublage qui renforce la crédibilité du cadre historique et culturel. Les intonations, les expressions locales, et les silences lourds de sens participent à créer une atmosphère unique, presque palpable. Enfin, les références aux anciens opus sont distillées avec subtilité : une lettre oubliée, un nom familier, une anecdote glissée dans un dialogue… autant de clins d’œil qui raviront les fans de la première heure sans jamais alourdir le récit principal.

Une vendetta en clair-obscur

Visuellement, Mafia: The Old Country est une véritable réussite artistique. La Sicile de 1900 y est magnifiée avec une attention méticuleuse portée aux détails : paysages méditerranéens baignés de soleil, ruines antiques envahies par la végétation, villages pittoresques aux ruelles pavées, et domaines viticoles vallonnés, où le temps semble suspendu. Chaque environnement raconte une histoire, chaque panorama évoque une époque révolue, entre traditions rurales et tensions naissantes. Les intérieurs ne sont pas en reste, avec des maisons modestes, des palazzi aristocratiques, et des lieux de culte finement modélisés, qui renforcent l’immersion dans cette Sicile à la fois belle et brutale.

Techniquement, le jeu s’appuie sur l’Unreal Engine 5, qui permet des jeux de lumière dynamiques, des ombres réalistes, et des textures haute définition. Les effets de particules, les reflets sur les surfaces humides, et les transitions jour/nuit contribuent à une ambiance cinématographique saisissante, digne des plus grandes productions. Les visages des personnages principaux sont expressifs, les animations faciales convaincantes, et les costumes d’époque ajoutent une couche supplémentaire de crédibilité historique.

Toutefois, tout n’est pas parfait. Quelques soucis techniques viennent ternir l’expérience : stuttering occasionnel, chargements de textures tardifs, et une ville parfois trop calme, avec un nombre limité de PNJs dans certaines zones. Ces imperfections, bien que mineures, peuvent nuire à l’illusion d’un monde pleinement vivant et réactif. On aurait aimé voir plus de scènes de vie spontanées, de marchés animés, ou de discussions de rue, pour renforcer le sentiment d’immersion. Cela dit, rien de rédhibitoire : le charme opère malgré tout, et l’univers visuel reste l’un des points forts du jeu.

Le code d’honneur, version conservatrice

Hangar 13 joue résolument la carte de la continuité plutôt que celle de la réinvention. Mafia: The Old Country reste fidèle à l’ADN de la série, en conservant une structure de monde ouvert limité, où l’exploration est encadrée par une progression linéaire et une narration dirigée. Il n’y a pas de quêtes secondaires à proprement parler, ni de système de choix multiples ou d’activités annexes à foison. Le jeu préfère miser sur une expérience cinématographique resserrée, où chaque mission fait avancer l’histoire sans détour superflu. Cette approche plaira sans doute aux puristes, attachés à la formule narrative des premiers opus, mais pourra décevoir les joueurs modernes en quête de liberté, de personnalisation ou de rejouabilité étendue.

Quelques ajouts viennent toutefois rafraîchir le gameplay sans le bouleverser. Les combats à cheval, bien intégrés dans certaines missions rurales, offrent des séquences dynamiques et spectaculaires. Les duels au couteau, inspirés des codes de l’honneur mafieux, apportent une tension palpable dans les confrontations rapprochées. Les véhicules d’époque, allant des charrettes aux premières automobiles, enrichissent l’immersion et varient les déplacements, même si leur maniabilité reste volontairement rustique pour coller à l’époque. On note aussi une amélioration des mécaniques de tir, plus fluides et plus réactives que dans les précédents volets, sans pour autant rivaliser avec les standards des jeux d’action contemporains.

En somme, le cœur du gameplay reste très classique, presque conservateur, mais il est exécuté avec soin et cohérence. Hangar 13 semble avoir fait le choix de préserver l’identité de la série, plutôt que de céder aux sirènes du monde ouvert tentaculaire ou du RPG à embranchements. Ce parti pris assumé donne au jeu une cohérence tonale et une clarté d’intention, même s’il risque de laisser sur le bord de la route une partie du public habitué à plus de liberté et d’interactivité.

Fusils, lames et loyautés

Le gameplay de Mafia: The Old Country s’articule autour de phases d’infiltration tendues, de fusillades nerveuses, et de missions scénarisées au rythme soutenu. Chaque séquence est pensée pour servir la narration, avec des objectifs clairs et une mise en scène immersive. L’infiltration, bien que simple dans ses mécaniques, repose sur l’observation des routines ennemies, l’utilisation de cachettes, et des éliminations silencieuses qui renforcent la tension dramatique. Les fusillades, quant à elles, sont brutales et viscérales : les impacts sont lourds, les animations de blessures réalistes, et le sound design des armes accentue la violence des affrontements.

Le choix d’armes est restreint mais authentique, avec des modèles fidèles à l’époque — revolvers, fusils à pompe, carabines — chacun ayant ses propres caractéristiques en termes de cadence, de précision et de rechargement. Les combats rapprochés, notamment les duels au couteau, sont chorégraphiés avec soin et apportent une intensité supplémentaire. Les déplacements à cheval ou en voiture d’époque ajoutent un véritable cachet historique, avec une conduite volontairement lourde et des animations réalistes, qui renforcent la sensation d’évoluer dans un monde ancien, rugueux et sans concession.

Cependant, malgré cette richesse d’ambiance, le jeu souffre d’une absence de véritable liberté. Il n’existe pas de système d’évolution du personnage, ni de choix narratifs influençant le déroulement de l’histoire. Pas de gestion d’équipement, de compétences, ou de relations : on suit les rails d’un récit bien ficelé, mais sans grande marge de manœuvre. Cette linéarité assumée peut frustrer les joueurs en quête de profondeur ou de rejouabilité, même si elle permet de maintenir une cohérence narrative forte et un rythme maîtrisé.

En somme, Mafia: The Old Country propose une expérience de jeu solide mais balisée, où l’action sert avant tout le récit. C’est un choix artistique clair, qui privilégie la tension dramatique et l’immersion historique à la liberté ludique — une approche qui séduira les amateurs de jeux narratifs, mais pourra laisser sur leur faim les adeptes de gameplay plus ouvert et systémique.

Une vie de crime bien remplie

Comptez environ 13 à 15 heures pour boucler l’histoire principale de Mafia: The Old Country, en suivant le rythme imposé par la narration. Le jeu adopte une structure resserrée, sans digressions ni missions annexes, ce qui permet de vivre une aventure dense, sans temps mort ni remplissage artificiel. Chaque chapitre apporte son lot de révélations, de tensions et de retournements, et la durée globale s’inscrit dans la tradition des jeux narratifs à forte composante cinématographique.

En revanche, le titre ne propose aucune quête secondaire à proprement parler. Il n’y a pas de contrats à remplir, de personnages à aider en dehors du scénario principal, ni de zones à explorer librement pour débloquer des missions alternatives. Cela dit, quelques objets à collectionner — lettres, photos, artefacts historiques — sont disséminés dans les environnements, offrant un prétexte à l’exploration et à la relecture du contexte. De plus, certaines variantes de gameplay, comme le choix des armes ou des véhicules d’époque, peuvent inciter à une seconde partie, en modifiant légèrement l’approche des missions.

La rejouabilité repose donc avant tout sur le plaisir de revivre l’histoire, de redécouvrir les dialogues, les scènes clés, et les subtilités de la mise en scène. Un autre argument en faveur d’une seconde partie est la possibilité d’opter pour le doublage sicilien, qui transforme radicalement l’ambiance du jeu. Les intonations, les expressions locales, et le rythme des échanges donnent une saveur différente à l’ensemble, renforçant l’immersion culturelle et historique. C’est une manière élégante de redécouvrir le jeu sous un autre prisme, plus authentique et plus enraciné dans son décor.

En somme, si Mafia: The Old Country ne cherche pas à prolonger artificiellement sa durée de vie, il offre une expérience suffisamment marquante pour justifier une seconde partie — ne serait-ce que pour savourer à nouveau la richesse de son univers et la finesse de sa narration.

Mafia : The Old Country

📝 Conclusion

Mafia: The Old Country est une ode aux racines de la saga, un retour aux sources qui privilégie la narration et l’ambiance à l’innovation. Hangar 13 signe un jeu solide, immersif, et émotionnellement riche, mais qui reste conservateur dans ses mécaniques. Les fans de la première heure y trouveront leur compte, tandis que les nouveaux venus devront accepter une structure plus rigide que celle des open worlds modernes. C’est une œuvre qui respecte l’Omertà, mais qui aurait gagné à briser quelques codes.

✅ Points positifs

  • Une narration captivante et bien écrite
  • Un doublage sicilien immersif
  • Des décors méditerranéens somptueux
  • Une ambiance mafieuse authentique

❌ Points négatifs

  • Gameplay daté et peu innovant
  • Monde ouvert vide et sans activités
  • Quelques soucis techniques (stuttering, textures)
  • Rejouabilité limitée
  • Absence de quêtes secondaires ou de choix narratifs
81%

👨‍💻 Développeur : Hangar 13

🏢 Éditeur : 2K

📅 Sortie : 08/08/2025

🎮 Plateformes : Xbox Series, PC, PS5

🧪 Testé sur : Xbox Series S

🎁 Code fourni par l’éditeur

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